Des vents favorables nous avaient poussés jusqu'ici...Des vents glacés avaient succédé aux brises de l'été...Nous avions navigué si longtemps, que les jours s'étaient enfuis, successions d'heures emmêlées, évanouies comme l'avait été ma jeunesse...
Assis près du feu, mes pensées semblaient insaisissables, elles s'envolaient, à la poursuite des braises, vers le haut de la cheminée...
Je ne cherchais pas à les retenir, j'étais bien....J'en avais tant rêvé de ce feu, de ces rires de cette chaleur....
J'étais enfin parvenu à destination, demain allait être un autre jour....
Je revêtirai au matin mon plus bel uniforme, repassé de frais par la femme de l'aubergiste...
Rasé de près, j'aurai fière allure, mes bottes brilleront de graisse lustrée.
Je traverserai la ville, capitale de ce célèbre empire et me rendrai avec fierté vers notre nouvelle ambassade...
Je l'espérais emplie de chaudes tentures, avec d'impressionnantes embrasures, et entre les colonnades, une vue dégagée, révélant au loin la mer.
J'espérais être à la hauteur de la mission que m'avait confié Ma Dame...Je saurais m'illustrer, offrir à ce peuple à l'étrange raffinement, le plus beau des présent, celui de l'amitié et de la considération de tout un royaume...
J'en étais sur, demain sera le premier jour de l'ambassadeur des CTR auprès de l'empire français…J'en étais sur demain serait un grand jour...
Je hélai la serveuse, rêvant un court instant au mouvement de sa robe légère….
Mademoiselle, une très grande bière, s’il vous plait….